Les Français prêts à indexer les remboursements de l’Assurance Maladie d’après l’hygiène de vie.
L’institut de sondages OpinionWay va publier le nouveau baromètre annuel santé du cabinet Deloitte. Les résultats obtenus sont surprenants : les Français sont favorables à une tarification de la santé sur l’hygiène de vie et sont globalement déçus par le contrat responsable (et la réforme prévue par le Gouvernement d’Edouard PHILIPPE). Ils considèrent en grande majorité qu’opter pour une surcomplémentaire santé individuelle est un choix perspicace.
Le Quotidien du Médecin invoque des « Français fiers de leur système de santé », quand la presse généraliste soutient qu’ils sont « de moins en moins satisfaits ». Les organismes APRIL et BVA ont permis la constitution d’une autre statistique, présentée ci-dessous.
La surcomplémentaire santé individuelle apparait comme inévitable
L’étude révèle qu’en un an, le taux de satisfaction a baissé de 9 points (de 86 à 77%). Cet effondrement rapide est un marqueur du scepticisme national, selon l’analyse du Monde. Globalement, les Français ont acté que la Sécurité Sociale n’avait plus pour mission de rembourser totalement les dépenses de santé de chaque citoyen.
Le Quotidien du Médecin délivre un état des lieux intéressant : « près des deux tiers des sondés ont le sentiment d’une croissance de leur reste à charge depuis la mise en place des nouveaux contrats responsables (qui fixent des plafonds de remboursement). Dans ce contexte, 20 % des sondés ont déjà opté pour une couverture supplémentaire santé individuelle et 17 % envisagent d’y recourir au cours des 12 prochains mois ! Concrètement, ils déboursent (ou pourraient débourser en plus de leur mutuelle) 26 euros en moyenne par mois pour doper le niveau de remboursement de leurs dépenses santé, et 14 euros en moyenne pour bénéficier de nouveaux services. »
La tarification en fonction du comportement progresse
BFM s’est quant à lui penché sur un autre chiffre, davantage saisissant : « 59% des Français pensent qu’il faudrait ajuster les frais de santé en fonction du mode de vie. »
La société française s’oriente naturellement vers une atténuation du risque par des taux de remboursements indexés aux modes de vie et aux agissements individuels. La tendance se calque sur le modèle des assurances auto avec le système bonus/malus. Les comportements peu vertueux, alcools, cigarettes, une mauvaise alimentation et peu de sport impliqueraient des pénalités.
Le Dr Jean-Paul ORTIZ, Président de la confédération des syndicats médicaux français (CSMF), était invité à débattre de ce sujet dans Bourdin direct. Selon lui, les résultats de l’étude sont « très intéressants car cela prouve que les Français sont de plus en plus conscients qu’ils doivent être responsables de leur santé. C’est une évolution dans le rapport entre chacun d’entre nous et sa santé. »
Néanmoins, le Dr ORTIZ estime qu’un système pareil serait contraire aux principes déontologiques de la médecine. « Je considère que c’est contraire à l’éthique médicale. Car si vous êtes riches et que vous fumez, que vous ne faites pas de sport, que vous mangez mal, vous vous en fichez car vous pouvez payer. Par contre si vous êtes pauvres et que vous avez ce type de comportement, c’est la double peine. C’est contraire à notre éthique. Notre système de santé, et j’en suis fier, repose sur la solidarité. »
Le Dr ORTIZ développe sa pensée et saisit le problème sous un autre angle : au lieu de toujours instaurer des mesures répressives, pourquoi ne pas instaurer des mesures incitatives ?
« Il faudrait dire aux Français que si vous avez un bon comportement on va vous aider. Car dans la même enquête, on dit que 95% suivent au moins une mesure de prévention même si l'aspect financier représente un frein pour un Français sur deux. Aidons ceux qui arrêtent de fumer. Aidons ceux qui veulent faire du sport. Voilà des mesures qui permettraient d'améliorer la santé de tous et qui seraient des mesures incitatives. »
L’obésité s’accroit en France
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) vient d’alerter la communauté internationale sur l’épidémie d’obésité devenue mondialisée. Le phénomène commence à s’épandre en Europe où l’obésité franchit les 17% tandis que le taux de surcharge pondérale dépasse les 50%. Le vieux continent reste loin derrière les Etats-Unis, les pays du Golfe Persique et même certains archipels en Océanie selon une publication du World Factbook de la Central Intelligence Agency (CIA) en date du 1er janvier 2018.
La sédentarité est un autre facteur prédominant. L'activité sportive a aussi son importance, mais « une activité sportive régulière ne pourra pas contrebalancer les effets néfastes d'une alimentation déséquilibrée » de l’avis de Laurent BARRAT. Selon l’expert du think-tank toute l’Europe, l’épidémie est due au changement des modèles alimentaires. La transition en cours indique une hausse continue des calories journalières, graisses et sucre, une demande croissante de produits industriels, ainsi que l’augmentation de la restauration hors de chez soi ou livrée à domicile. « Les progrès technologiques de l’agro-industrie ont favorisé la mise sur le marché de produits peu chers, riches en gras, en sucre et en sel. »
Il ajoute que « notre environnement alimentaire nous incite au plaisir de la nourriture au-delà de ce dont nous avons besoin » favorisant le triomphe de la malbouffe et la souffrance des filières agricoles traditionnelles.